samedi 14 novembre 2015

L'institution électorale coincée entre des intérêts politiques divergents

Les manifestations de rues entreprises cette semaine à Port-au-prince par les candidats insatisfaits des résultats préliminaires du premier tour des présidentielles semblent ne pas laisser indifférent le Conseil électoral provisoire.
Les conseillers électoraux ont décidé de rencontrer les candidats à la présidence ayant recouru à la mobilisation populaire pour exiger la formation d'une commission d'enquête indépendante chargée de vérifier le processus de tabulation des votes.

Dans une correspondance datée du 13 novembre 2015 adressée à chacun des intéressés, le président du CEP, Pierre Louis Opont, dit prendre acte de la note de protestation du groupe des 7 et les invite à une rencontre qui aura lieu au local de l'institution électorale le lundi 16 novembre 2015.
La note de protestation dont fait mention M. Opont a été jusque-là ignorée par le conseil électoral. N'est-ce pas la pression populaire de ces derniers jours qui a poussé les conseillers à s'en souvenir?

Par une telle démarche, le CEP chercherait à calmer la tension pour institutionnaliser, aux fins d'une solution, les contestations des acteurs politiques qui dénoncent à tout bout de champ certaines irrégularités et fraudes constatées au scrutin présidentiel du 25 octobre.
Le processus électoral se trouve actuellement menacé par la position du candidat à la présidence, Jude Célestin, refusant d'aller affronter, selon les résultats préliminaires, le candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, au second tour du scrutin et celle des candidats Maryse Narcisse et Jean Charles Moïse qui ne reconnaissent pas leur défaite.

Face à cette entrave du processus, l'institution électorale comprend qu'il faut faire attention à la stratégie des candidats protestataires qui risquent, par la mobilisation populaire, d'altérer l'environnement socio-politique au détriment des échéances électorales. Le temps presse. Le CEP comprend qu'il doit pouvoir continuer à exécuter son calendrier pour éviter qu'on arrive en 2016 à ce carrefour où la mise en place d'un gouvernement de transition serait inévitable.

Les discussions annoncées entre les conseillers électoraux et le groupe des 7 candidats à la présidence seront très décisives. Elles doivent nécessairement aboutir à une entente pour la poursuite de l’exécution du calendrier électoral. Sinon, le pays empruntera une voie incertaine où le renouvellement du personnel politique sera fortement perturbé et retardé.
Par ailleurs, le conseil électoral provisoire doit également tenir compte de la position du parti Fanmi Lavalas qui utilise également la mobilisation comme stratégie dans le cadre de sa bataille dite politico-juridique pour faire respecter un soit-disant vote populaire exprimé en faveur de sa candidate à la présidence, Maryse Narcisse, qui termine en quatrième position dans le premier tour du scrutin selon les résultats préliminaires.
L'institution électorale, aura-t-elle assez de tact et d’étoffe pour s'en sortir bien face à des secteurs politiques manifestement allergiques à la défaite?

Patrick Georges
E-mail: patrickgeorges1984@gmail.com


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