La mission de
ce gouvernement provisoire répond à une vision à la fois conjoncturelle et
structurelle capable d’aménager une transition souple et ordonnée entre la
gestion approximative, démagogique et improvisée des dirigeants actuels et ceux
qui sortiront des élections libres, honnêtes et démocratiques qu’organisera un
CEP indépendant et responsable.
Elle se voudrait aussi un facteur de concorde
et d’apaisement social. Elle se développera donc dans le cadre d’un
gouvernement de transition de nature démocratique et inclusive,
d’une durée déterminée et d’une architecture spécifique
correspondant à cette mission.
Cette
dernière répond également à la nécessité de recouvrer pleinement notre
souveraineté et participe de la ferme volonté des organisations populaires et
démocratiques de sauvegarder les acquis du large mouvement social
revendicatif de 1986, celle des jeunes de la nouvelle génération, afin
de protéger la Constitution de 1987, faciliter l’intégration de toutes les
couches sociales de la population, travailler à un développement intégral et
durable en vue d’ouvrir des perspectives prometteuses au pays et de se
réinventer un avenir meilleur.
Elle
consistera donc essentiellement à :
· Assurer
la paix et la sécurité sur tout le territoire national afin de favoriser un
climat propice aux activités de base de la société et garantir les
investissements locaux et internationaux…
· Assurer
la continuité de l’Etat haïtien en respectant les engagements pris dans de
bonnes conditions et en tout ce qui n’est pas contraire aux intérêts supérieurs
de la Nation…
· Entreprendre
toutes les réformes utiles dans l’administration publique pour la
fonctionnalité et la stabilisation des institutions…
· Vérifier
l’Etat des comptes de la République, engager des enquêtes et des poursuites
légales contre toutes personnes et entités sur lesquelles pèsent des
présomptions et soupçons d’enrichissement illicite au détriment de l’Etat
haïtien…
· Favoriser
et créer les conditions d’un dialogue inter-haïtien pour établir un consensus
sur les priorités nationales capables d’être portées par les
administrations et les gouvernements qui se succéderont durant les trente
prochaines années dans le cadre de l’alternance démocratique prévue par la
Constitution de 1987…
· Créer
les conditions favorables au renforcement et à la stabilité des institutions
haïtiennes enrétablissant la Constitution de 1987 dans son intégralité,
laquelle Constitution avait été abusivement et frauduleusement amendée par les
autorités en place et celles qui ont précédé l’actuelle administration…
· Créer
les conditions nécessaires à la mise en place d’un Conseil électoral
provisoire pour la tenue d’élections libres, honnêtes, démocratiques,
indépendantes et inclusives en priorisant les moyens et les ressources
locales pour en maîtriser les coûts et éviter les ingérences intempestives de
« l’Internationale » dans les affaires internes du pays. Ce Conseil
travaillera à la conservation, à l’entretien et une gestion rationnelle des
ressources et équipements nécessaires à la réalisation d’autres élections par
le Conseil électoral permanent qui lui succédera selon les
prescrits de la Constitution de 1987…
· Redéfinir
les rapports de coopération avec « la communauté
internationale » en particulier avec notre voisin de l’Est , avec nos
autres partenaires traditionnels, en fonction de nos intérêts bien compris et à
la lumière des différentes résolutions adoptées par le Sénat de la République,
en aménageant un plan de désengagement progressif de la MINUSTAH et en
installant de nouveaux rapports avec cette Mission en particulier en ce qui
concerne la responsabilisation, le contrôle et l’éradication du choléra en
Haïti...
· Travailler
au respect et à l’indépendance des pouvoirs en particulier du pouvoir
judiciaire pour une saine et équitable distribution de la justice aux
contribuables sur toute l’étendu du territoire. Travailler à la
professionnalisation effective de la Police nationale et sa formation
continue en regard des prescrits de la Constitution et de la Démocratie
haïtienne en marche depuis le vote massif de la Constitution du 29 mars 1987
pour le maintien de l’ordre et le respect des libertés publiques nécessaires à
la consolidation et à la conquête de droits socio-économiques et culturels pour
la pleine émancipation du peuple haïtien…
· Résoudre
le problème des réfugiés internes et de la bidonvilisation à outrance des
villes en mettant en œuvre une politique agressive de logement déconcentré dans
les 9 départements capable de reloger le plus rapidement possible les victimes
du tremblement de terre du 12 janvier 2010 et tarir la source qui alimente la
formation des bidonvilles par une politique d’aménagement du territoire et
de décentralisation continue de l’Etat, la création,
l’utilisation rationnelle d’infrastructures scolaires, sanitaires, publiques,
récréatives et de communication dans un partenariat public-privé pour la
création d’emplois durables sur tout le territoire national… (Étudier des
primes et avantages à donner aux entrepreneurs-investisseurs qui s’installent
en dehors de Port-au-Prince, en dehors de la zone métropolitaine et des
autres grandes villes des neuf autres départements du pays…)
· Entamer
une véritable politique énergétique basée en partie sur
l’utilisation et la rentabilisation des énergies renouvelables et propres
disponibles en Haïti en priorisant une production et une commercialisation
rationnelle des énergies fossiles traditionnelles axées prioritairement sur la
stimulation de la production nationale agricole et industrielle sans négliger
l’éclairage public et celui des ménages pouvant favoriser également un
meilleur rendement de l’appareil productif et un renforcement de la sécurité publique…
· Prioriser
une politique claire et dynamique de protection et de
réhabilitation de l’environnementcapable d’arrêter la dégradation accélérée
de notre environnement physique et sanitaire un des facteurs d’aggravation des
catastrophes naturelles et sanitaires qui menacent continuellement le pays…
· Donner
une impulsion particulière à la production agricole, à l’élevage en
enclos et à une pêche rationnelle tout en exploitant et en protégeant
nos ressources halieutiques…
· Créer
les conditions d’une bonne évaluation et exploitation des nos
ressources minièresfavorisant les intérêts nationaux et la protection de
notre environnement…
· Encourager
et orienter une politique sanitaire allant dans le sens du contrôle des
endémies majeures, des maladies infectieuses (Tuberculose, SIDA, Cholera,
Malaria…), de réduction et de contrôle de la malnutrition, des maladies de la
petite enfance, des complications des accouchements et de la mort maternelle,
ainsi qu’une planification adéquate des naissances pour un meilleur contrôle de
la croissance de la population par rapport aux ressources disponibles…
· Poursuivre
l’objectif constitutionnel, humaniste et modernisant d’éducation pour tous en
mettant l’accent sur la qualité d’un enseignement républicain à
dispenser, l’accent sur la préservation de nos valeurs culturelles, historiques
et civiques en favorisant le développement de l’enseignement supérieur, de la
recherche, de la formation des cadres, celle des grandes écoles techniques et
professionnelles et une passation de témoin avec des acquis irréversibles…
PS : La
nature du Gouvernement de transition : Le gouvernement de
transition est de nature provisoire. Il s’inspire des revendications populaires
légitimes et est composé d’éléments issus des forces sociales et politiques du
pays. Les personnalités haïtiennes composant ce gouvernement doivent être
connues pour leur participation à la lutte sociale de transformation de notre
société, avoir une certaine compétence dans les secteurs qui leur seront
attribués, doivent être crédibles, doivent avoir une réputation
d’honnêteté et d’intégrité dans leur gestion antérieure. Elles devraient aussi
s’engager à n’occuper aucune des fonctions électives qui sortiront des
élections qu’organisera le Conseil Electoral Provisoire à moins de quitter leur
poste volontairement, sans aucun contentieux avec l’Etat, une année avant
l’organisation de ces joutes.
Le
Président provisoire devrait être le fruit d’un compromis
politique le plus proche possible des prescrits de la Constitution de
1987. Il devrait être choisi parmi des personnalités d’une grande moralité,
jouissant du respect de la population, n’ayant pas pactisé avec le pouvoir
actuel dans ses dérives antidémocratiques et inconstitutionnelles, comprenant
et acceptant la mission du Gouvernement de transition, n’interférant pas
négativement dans le travail du Premier Ministre, respectueux du rôle, du
fonctionnement des institutions étatiques, des lois et des prescrits de la
Constitution de 1987...
Le
Premier Ministre doit être un politique, un
rassembleur, un coordonnateur, une personne ayant déjà une
certaine expérience dans l’administration publique et dans la gestion d’autres
types d’administration et d’association. Il doit avoir une bonne connaissance
du milieu, des principaux acteurs et secteurs qui interagissent dans la société
haïtienne. Il doit aussi être respectueux du rôle, du fonctionnement des
institutions étatiques, des lois et des prescrits de la Constitution de 1987. Une certaine connaissance des relations
internationales serait aussi souhaitable…
La
durée du mandat de ce gouvernement devrait se situer quelque part
entre deux à trois ans. Ce temps est nécessaire pour une bonne
préparation d’élections libres, honnêtes, démocratiques, inclusives et
une institutionnalisation adéquate du pays. Il serait aussi nécessaire pour la
réalisation d’un dialogue inter-haïtien franc, sincère et
patriotique devant aboutir à un accord national sur le
développement et l’évolution des différents secteurs de la vie nationale sur
une période de 25 à 30 ans. Cette durée du mandat permettrait aussi une
meilleure mobilisation des ressources humainesnationales qualifiées
et compétentes pour la formation d’un gouvernement et la gestion efficace du
pays à travers les principales Directions de l’Administration publique et
celles des Administrations déconcentrées de l’Etat.
Architecture
gouvernementale : Pour ce qu’il s’agit de l’architecture
gouvernementale nous suggérerions de conserver en partie celle existant
actuellement avec quelques modifications telles que :
L’élimination
du Ministère chargé des droits de l’homme et de lutte contre la
pauvreté extrême car il s’agit là d’une mission transversale dévolue
à tous les secteurs gouvernementaux…
La
création d’un Ministère de l’Aménagement du territoire et du Logement qui
englobera l’EPPLS et l’UCLBP ;
La
création du Ministère de l’Economie, de l’Industrie, du Commerce, du Tourisme,
de l’Emploi et du Développement durable ;
La
création du Ministère du Budget et des Finances ;
La
création du Ministère de l’Intérieur, des collectivités territoriales et de la
Défense nationale ;
La
création d’une Haute Autorité de l’Audiovisuel, du développement des
technologies de l’Information et de la Communication (HAAV) à soumettre
dans un second temps à l’attention du Parlement et qui englobera le
CONATEL ;
Revoir
les Secrétaireries d’Etat, les Directions Générales, les agents
intérimaires de l’Exécutif dans les municipalités, et les autres Agents
responsables de secteurs stratégiques de l’Etat ;
Convertir
le Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger en un Bureau
attaché au Ministère des Affaires Etrangères ;
Fusionner
le Ministère du Plan et de la Coopération externe au Bureau du Premier
Ministre…
Pour
le KONAKOM du Renouveau :
Dr
Dunois Erick Cantave
Port-au-Prince,
le 11 novembre 2015
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