mercredi 24 août 2016

En vérité, quelque chose doit changer en Haïti!

Un « leader d’opinion », qui en réalité n’est ni leader et n’a ni d’opinion, affirme que si Jovenel Moïse s’appelait Jovenel Mevs, il aurait été normal qu’il soit riche. Mais comme son nom de famille est MOISE, ki kote li bare ak tout lajan sa-a…
Ce même « leader d’opinion » avait affirmé en juillet 2016 que Jovenel Moise avait fait faillite, en décembre 2015 il disait qu’il avait une piste d’atterrissage pour descendre de la drogue. En novembre 2015 il claironnait orbi et urbi que Jovenel n’avait pas l’allure nécessaire pour avoir bâti la plus grande ferme agricole biologique de la caraïbe, qu’il était surement le gardien de bananes de Martelly. En aout, il était convaincu que Jovenel Moise, paysan de son état, ne sera même pas 10ème dans les élections, car personne (de la bonne classe, s’entend) ne le connaît.

C’est un feuilleton qui aurait pu nous faire rire. D’ailleurs souvent Jovenel Moïse en rit. Mais en réalité c’est triste. Triste de constater qu’aujourd’hui, en 2016, qu’il y a tant de gens en Haïti qui pensent que les fils et les filles de paysans, les fils et les filles de pauvres, de malheureux ne peuvent pas réussir dans la vie, que seul le patronyme doit déterminer la réussite. Souvent ce sont les descendants de ces mêmes catégories sociales qui sont les fervents défenseurs du statuquo, sans même s’en rendre compte.
J’ai entendu quelqu’un injurier l’animateur Carel Pèdre parce qu’il était de province, une bonne femme de notre équipe (croyant qu’elle a les trois « qualités », un patronyme, de la couleur et être des hauteurs de Port-au-Prince) a dit en mon absence, dans une réunion que j’avais de gros problèmes (qui m’ont apparemment disqualifié) : 1) j’étais un paysan de Belladère, 2) j’étais un diaspora.
Là encore, si cette manière de penser, de voir et d’être au monde n’était pas inscrite dans les structures les plus profondes de la société haïtienne, cela aurait été juste une petite blague entre collègues qui s’aiment bien. Mais ces tares que sont : être filles, fils de paysans ; être pauvres ; ne pas avoir le bon patronyme et être diaspora déterminent, à niveau de qualification égale, les postes qu’on doit occuper dans un certain nombre d’entreprises du secteur privé, le niveau de salaire et les filiations sociales (ak ki moun ou dwe marye). Elles déterminent les taux et l’accès au crédit bancaire.
Pour avoir réussi à franchir la plupart de ces barrières, Jovenel Moïse est un miraculeux.
Pour avoir osé s’exposer en modèle pour les enfants d’Haïti, Jovenel Moise dérange.
L’ironie dans tout ça est que ceux qui combattent Jovenel Moïse avec le plus de rigueur ont des mamans et des papas qui ressemblent aux siens. Ils sont de même origine sociale !

Renald LUBERICE
Fils de paysan

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