Ce qu'on refuse de comprendre et c'est là que réside le mal qui ronge la société haïtienne.
Haïti ne confronte pas seulement une crise politique. Le pays confronte une crise de société qui débouchera inévitablement sur un éclatement social.
La crise socio-politique dont je parlais dans mes articles s'est amplifiée et approfondie. La société haïtienne est frappée à l'heure actuelle par une crise de sens. Une incapacité à sortir de l'engrenage de la bêtise, de l'état délinquant, de la criminalité institutionnalisée pour bâtir un système de référence (idées, normes, valeurs, idéaux) qui permettraient de donner un ensemble de garde-fou pour éviter au corps social (individus ou groupes) de sombrer dans une descente collective aux enfers.
Notre société est frappée par une crise de valeurs et de moralité. Du côté des institutions, la réalité des dernières élections donne le parfait exemple d'une société en dérive. Les neuf membres du conseil électoral provisoire qui représentent des institutions "clé" de la nation, sont accusés de corruption et malversations. Il va s'en dire, les neuf institutions qui ont leurs représentants au CEP sont discréditées. A mon sens, c'est le signe, d'une société en putréfaction et ou la décomposition est dans une phase si avancée qu'on a le doute sur une porte de secours.
Aujourd'hui les Haïtiens n'ont pas seulement perdu confiance dans les politiques, ou les institutions, mais aussi en eux-mêmes et dans la capacité de notre société à faire face et dépasser les problèmes qui se posent. On ne voit pas une issue. Tout est désespoir. L'absence d'une politique basée sur la compétence, l'honnêteté disparaît sur toute la ligne, le risque de basculer dans une société de non-droit n'a jamais semble aussi éminent, et l'Haïtien fait figure d'éternel résigné: le blanc a la solution du problème.
Société usée psychiquement où le sentiment d'agressivité et violence prennent le pas sur le respect de l'autre, notre société est fracturée, et jamais cette réalité n'a été aussi aiguë.En l'absence d'une cohésion sociale, les discours de violence et de haine prennent la place laissée vacante par des règles et les normes de civilité qui gouvernent la vie normale d'une société de droit et de justice.
Il y a un effondrement de nos croyances collectives et de nos repères dans tous les domaines. Et le pire, il manque, surtout, le motif d'espoir pour sortir de cette crise. L'absence d'une élite...
Jean Sénat Fleury, 12/20/2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire